Comment les coupures budgétaires affectent la crédibilité des grands réseaux

La force d’un réseau d’information, c’est la qualité de ses reportages, la rigueur de ses journalistes et évidemment, le financement mis à sa disposition. Si on aborde le sujet houleux des coupures de budget radicales de la Société Radio-Canada, il y a un vrai débat à avoir sur la perte de crédibilité de l’information.

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Lors d’une entrevue à Tout le monde en parle, alors que toutes les têtes d’affiche de l’information de Radio-Canada étaient présentes, Céline Galipeau a mentionné le fait que les coupures budgétaires entrainaient le télé-journal à faire un choix sur les couvertures d’événements à l’étranger. Un blogueur a réagi à ce sujet dans ce billet, affirmant que personne ne va se plaindre de ne pas avoir de correspondant en Amérique Latine ou en Afrique. Eh bien je crois qu’il se met le doigt dans l’œil, parce que ces correspondants, qui vont au coeur de l’information, qui recueillent des témoignages et vérifient leurs sources directement sur place sont ce qui a bâti la crédibilité du journalisme de la chaine. C’est bien beau internet, mais ça a ses limites.

Bref, tout ça a selon moi une incidence majeure sur la crédibilité et la notoriété de l’information à Radio-Canada. Et je trouve bien dommage que des émissions d’intérêt public vont bientôt disparaître ou encore ne plus avoir les moyens pour faire l’excellent travail qui a fait leur renommée.

À VOIR  Charles Tisseyre a profité de la tribune qui lui était offerte à titre de panéliste lors de l’assemblée publique annuelle de CBC/Radio-Canada pour lancer un cri du cœur en faveur du financement du diffuseur public canadien.

L’emprise des médias de masse

« Il ne faut pas croire tout ce qu’on voit à la télévision et dans les journaux »

Plusieurs le disent, mais trop peu le pensent réellement. Malheureusement, plusieurs personnes ont une confiance aveugle pour les médias de masse et croient dur comme fer que popularité rime avec crédibilité. Ce que je veux faire aujourd’hui, c’est ouvrir une porte sur un exemple d’ici, vous pousser à la réflexion sur le phénomène du contrôle de l’information avec une compagnie du Québec, qui nous passe sous le nez chaque jour. Et j’ai nommé : Quebecor.

Octobre 2000, la compagnie Quebecor achète le Groupe Vidéotron ltée, troisième entreprise de câblodistribution au Canada et première au rang québécois, ainsi que de sa filiale, le Groupe TVA inc. Puisque ces acquisition ont été rendues possibles grâce à l’intervention de la Caisse de dépôt et placement du Québec en mai 2001, le peuple québécois détient alors 45% des actions de cette compagnie. À l’acquisition du Groupe Vidéotron ltée, les dirigeants de l’entreprise ont fait des promesses, soit l’engagement à établir des cloisons étanches entre les différents médias du groupe, de soutenir la principale agence de presse du pays, soit la presse canadienne ainsi que de soumettre le travail des journalistes au regard du conseil de presse qui est le principal responsable de l’intégrité journalistique.

10 ans plus tard, le Groupe Quebecor a abandonné la presse canadienne pour fonder la QMI, qui se veut: « la référence médiatique bilingue au Canada pour ses besoins quotidiens, ponctuels ou événementiels.»(« Notre Mission. » L’Agence QMI – Couverture En Continu De L’actualité Canadienne.Quebecor Media. Web. 01 Dec. 2011. <http://agenceqmi.ca/&gt;) Également, les principaux médias ont quitté le Conseil de Presse, provoquant ainsi la mise à terre des cloisons entre les différents groupes de média et soulevant une nouvelle approche, la convergence des contenus.

À ce jour, le groupe médiatique Quebecor possède 200 journaux, dont 76 au Québec, distribue plus de 22 millions de copies de magasine chaque année, (ils ont d’ailleurs fait l’aquisition de 15 nouveaux magasines de Transcontinental en novembre dernier) possède une cote de 2,5 million de spectateurs qui domine les palmarès de cote d’écoute pour le Groupe TVA, est le propriétaire de 15 maisons d’édition et de tous les magasins Archambeault qui contrôle 75% des ventes des chansons francophones distribuées au Québec. Tout ça, c’est sans compter la sphère Vidéotron.

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En contrôlant ainsi le marché de l’information au Québec et en contournant habillement les balises imposées au départ, l’entreprise Quebecor peut nous faire croire à peu près tout ce qu’elle veut et surtout, nous imposer subtilement leurs idéaux et faire de leur opinion, la nôtre. Le problème a d’abord été perçu au niveau culturel, mais il s’étend maintenant sur le plan économique et politique. Les craintes du gouvernement Québécois seraient-elles devenues réalité; Quebecor serait-il devenu un vrai monstre médiatique?

Pour vous éclairer, je vous invite à visionner ce lien, un reportage réalisé par l’équipe de l’émission Enquête sur la compagnie Quebecor.